Le ministre togolais des Affaires étrangÚres, le professeur, Robert Dussey, fait le point des préparatifs de la dite conférence, en marge de la 70e Assemblée Générale des Nations-Unies, à New York.
Monsieur le Ministre, Cher Professeur, Afrique Education voudrait faire le point avec vous sur les diffĂ©rents contacts que vous avez nouĂ©s avec des partenaires en vue de l’organisation de la grande confĂ©rence africaine sur la sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement en Afrique. Au lendemain de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations-Unies, que pouvez-vous en dire ?
Professeur Robert Dussey :
LâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations-Unies est la plus importante des organes de lâONU, et la session annuelle est une messe qui rassemble tous les Etats du monde et bien dâInstitutions et Organismes internationaux affiliĂ©s, publics ou privĂ©s. A cet effet, nous avons profitĂ© de cette 70e session ordinaire de lâAG des Nations-Unies pour rĂ©activer ou redynamiser les accords, dĂ©jĂ , Ă©tablis et rassurer toutes les parties prenantes. Elle nous a, Ă©galement, permis de mesurer le niveau dâenthousiasme des partenaires impliquĂ©s ou sollicitĂ©s pour le succĂšs de la ConfĂ©rence extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine sur la sĂ©curitĂ© et la sĂ»rete maritimes et le dĂ©veloppement en Afrique. Plusieurs contacts ont Ă©tĂ©, effectivement, nouĂ©s avec tous les partenaires et nous nous rĂ©jouissons des retours positifs et confirmations, qui en ont dĂ©coulĂ©. Je nous fĂ©licite, par ailleurs, de la rĂ©ussite du « side event » co-animĂ© avec mon collĂšgue, Bert Koenders, ministre des Affaires Ă©trangĂšres des Pays-Bas, sur le thĂšme : âSecurite et sĂ»retĂ© maritimes dans la mise en oeuvre du programme de dĂ©veloppement 2015â.
Vous avez beaucoup voyagĂ© pour la rĂ©ussite de cette ConfĂ©rence. Qu’est-ce qui motivait vos voyages ? Etaient-ce des voyages par thĂšmes ou par centres d’intĂ©rĂȘt ? Pouvez-vous nous faire part de votre mĂ©thodologie de travail ?
Vous exagerez (rires). Je n’ai pas trop voyagĂ©. En rĂ©alitĂ©, j ai fait, exactement, comme le font tous les responsables, quand il faut mobiliser pour le succĂšs d’une ConfĂ©rence d’une telle envergure. Pour montrer l’intĂ©rĂȘt et convaincre, je dois effectuer des dĂ©placements Ă l interieur du continent. Il ne faut pas oubier que nous n’organisons pas une confĂ©rence, et puis, plus rien. Le chef d’Etat, Faure GnassingbĂ©, ambitionne de mobiliser les Etats membres autour d’un projet de Charte devant rĂ©gir la sĂ©curite et la sĂ»retĂ© maritimes. Il s’agit d’une innovation de taille dont nous ne mesurons pas la portĂ©e, mais, il est importantissime que nous y parvenions. Le dĂ©veloppement de nos pays (pas seulement) ceux qui ont un versant maritime, en dĂ©pend. Je dois ajouter que certains de mes dĂ©placements sont assurĂ©s par centre d’intĂ©rĂȘts tandis que d’autres le sont par thĂšmes. Vous faites bien de me poser la question. En fait, les deux combines ont mobilisĂ© toute l’Ă©quipe de la Commission prĂ©paratoire du Sommet Ă ĂȘtre presente dans plusieurs rencontres internationales. Il faut souligner que la sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement sont au cĆur des gouvernements prĂ©occupĂ©s par les flĂ©aux de lâinsĂ©curitĂ© maritime, notamment, la piraterie, le trafic de stupĂ©fiants, le trafic des migrants, la pĂȘche illicite, la pollution marine, ainsi que, tous les autres actes criminels commis en mer qui constituent de graves entraves au dĂ©veloppement des Etats riverains ainsi que ceux du littoral. Aussi, voudrais-je insister sur le fait que le thĂšme de cette confĂ©rence englobe des thĂ©matiques pluridisciplinaires et multidimensionnelles que sont la sĂ©curitĂ©, la sĂ»retĂ© et le dĂ©veloppement Ă©conomique. Ce qui nous conduit dâemblĂ©e Ă une confrontation des thĂ©ories et des mĂ©thodologies contradictoires, dĂ©jĂ , internes Ă chaque champ dâanalyse, puis, dâun champ Ă un autre. Lâobligation est ainsi faite pour nous, de mener cette investigation dans les rĂšgles de lâart aussi bien diplomatiques quâintellectuelles sinon universitaires ou scientifiques, d’oĂč lâusage de la mĂ©thodologie ou de la dĂ©marche consensuelle.
Vous avez beaucoup travaillĂ© avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Bert Koenders, dont le pays est un gĂ©ant sur les questions touchant Ă la mer et aux ocĂ©ans. Quel a Ă©tĂ© son apport pour ne parler que des Pays-Bas ? Pouvez-vous parler d’autres expĂ©riences marquantes ?
Des expĂ©riences marquantes ! Je ne saurais les citer toutes, mais, je puis vous confirmer que tous les apports ont Ă©tĂ© trĂšs enrichissants. Quâil sâagisse des apports des pays ou des personnalitĂ©s dans le cadre de la coopĂ©ration bilatĂ©rale ou multilatĂ©rale, ou encore, avec les Organismes internationaux ou Institutions internationales, le constat est le mĂȘme : une note de satisfaction, dĂ©jĂ , pour les prĂ©liminaires de cette confĂ©rence si vous voulez bien. A propos de mon collĂšgue, Bert Koenders, Je le disais plus haut, ensemble, nous avons animĂ© sous le patronage et la prĂ©sence effective du prĂ©sident de la RĂ©publique, Faure GnassingbĂ©, le « side event » sur le thĂšme de « La sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© maritimes dans la mise en Ćuvre du programme de dĂ©veloppement post-2015 », en marge de lâAG de lâONU, Ă New York, le 26 septembre 2015. Ceci vient confirmer le degrĂ© dâimportance et d’implication des Pays-Bas parmi les partenaires du Togo. Je profite de votre tribune pour lui renouveler ma sincĂšre gratitude et, par la mĂȘme occasion, Ă toutes les bonnes volontĂ©s qui ont bien voulu accompagner, Ă des degrĂ©s divers, cette confĂ©rence.
L’Afrique est trĂšs culturellement diverse. Elle compte des anglophones, des francophones, des lusophones, des arabophones et un hispanique. Harmoniser les positions devient Ćuvre de titan quand le sujet comme le vĂŽtre est sensible. Comment y ĂȘtes-vous parvenu ?
Cette diversitĂ© linguistique et culturelle de lâAfrique est une richesse, il nây a pas lieu de sâalarmer. LâUnion Africaine nâest pas Ă sa premiĂšre confĂ©rence sur des questions aussi sensibles. Les acteurs sont conscients des dĂ©fis de cette rencontre dont le thĂšme est au centre des prĂ©occupations de tous les gouvernants. Il faut souligner notre satisfaction de la mobilisation et de lâimplication de la sociĂ©tĂ© civile et du secteur privĂ© de nos Etats dans lâorganisation de cette confĂ©rence. Des contributions et des propositions fusent de tous les Etats sans justement tenir compte des barriĂšres linguistiques. Il y a lieu de saluer, ici, la prise de conscience des acteurs de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de lâAfrique. Toutefois, des dispositions sont prises par les organisateurs en termes de traduction pour quâaucun pays ne soit lĂ©sĂ©, avant, pendant et aprĂšs la confĂ©rence. Le site du Sommet (www.african-togo2015.com) est, justement, conçu en tenant compte de toutes les diversitĂ©s linguistiques et traduit en anglais et en français.
Quelles vont ĂȘtre les grandes lignes de cette confĂ©rence et quels en seront les grands animateurs (confĂ©renciers) ?
Cette confĂ©rence se penchera comme son nom lâindique sur deux grandes thĂ©matiques Ă savoir : La coopĂ©ration rĂ©gionale et internationale pour la sĂ©curitĂ© maritime dont les sous-thĂšmes sont la piraterie maritime ; la pĂȘche illicite ; les trafics illicites de tout genre transitant par la mer ; la migration. La sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement dont les sous-thĂšmes sont la prĂ©servation de lâenvironnement marin et la mer comme facteur de dĂ©veloppement. Les confĂ©renciers ne sont autres que des experts avĂ©rĂ©s dans les diffĂ©rentes thĂ©matiques et dâenvergure internationale telle que se veut la confĂ©rence en elle-mĂȘme.
Comment les travaux seront-ils organisés ?
En plĂ©niĂšre pour les experts reprĂ©sentants permanents des Etats auprĂšs de lâUA dont les conclusions seront entĂ©rinĂ©es par le Conseil exĂ©cutif des ministres suivi du Sommet des chefs dâEtat.
Vous ambitionnez de faire adopter une « Charte sur la sĂ©curitĂ© maritime » Ă l’instar des Accords de LomĂ© 1 et 2 qui rĂ©girent, dans le passĂ©, les relations entre les pays ACP et l’Union europĂ©enne. Avez-vous des raisons d’ĂȘtre optimiste ? Si oui, pourquoi ?
Le projet de âCharte sur la sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© maritimesâ constitue le fondement de cette ConfĂ©rence de lâUnion Africaine qui se tient Ă LomĂ©. Il y a eu des rencontres prĂ©curseurs sur le mĂȘme thĂšme et nous estimons quâil faudrait passer au concret, en adoptant une Charte Ă LomĂ©. Si vous voulez, jâestime que mettre notre capitale Ă lâactif de cette Charte relĂšve de la normalitĂ© des choses eu Ă©gard Ă la nouvelle donne de notre diplomatie. AprĂšs plus dâune dĂ©cennie dâhibernation, il faut que LomĂ© retrouve son titre de ville dâaccueil des grandes rencontres internationales. Pour le cas prĂ©cis de cette confĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© maritimes et le dĂ©veloppement Ă©conomique en Afrique, le choix de LomĂ© nâest que logique.
C’est la premiĂšre grande confĂ©rence internationale qui sera organisĂ©e Ă LomĂ©, depuis l’arrivĂ©e du prĂ©sident, Faure GnassingbĂ©, au pouvoir. Au niveau de l’accueil et de l’organisation, tout sera-t-il fin prĂȘt ?
Tout sera prĂȘt pour la tenue et la rĂ©ussite de cette grande ConfĂ©rence.
La ConfĂ©rence se tient en partenariat avec l’Union Africaine. Sur quel plan vous vient-elle en soutien ?
La confĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement en Afrique est organisĂ©e par lâUnion Africaine et LomĂ© est choisie pour lâabriter.
Il y a l’avant-confĂ©rence. Il y aura la tenue de la confĂ©rence et l’aprĂšs-confĂ©rence. Qu’est-ce qui va se passer aprĂšs la tenue de cette confĂ©rence ? Que ferez-vous ?
Que les idées ne restent pas idées et que la Charte ne dorme pas dans les tiroirs. Pour cela, il faudrait veiller à la ratification et à la mise en application effective de la Charte sur la sécurité et la sûreté maritimes. Du moins, faire le suivi des recommandations de la Conférence.
Votre dernier mot ?
Confiance et sĂ©rĂ©nitĂ©. Le report nâest pas lâannulation. Câest juste une question de timing. Ce petit dĂ©calage nous permet, dâailleurs, de peaufiner les choses. Merci et si vous nâavez pas, encore, votre invitation, vous ĂȘtes, dĂ©jĂ , les bienvenus pour relayer les grandes dĂ©cisions, qui seront issues de cette ConfĂ©rence.
Propos recueillis par Aristide Koné, Max Bekombo et Jean Paul Tédga
Source : Afrique Education