Plusieurs établissements financiers panafricains et internationaux ont établi leurs QG régionaux dans la capitale togolaise. Peut-elle pour autant rivaliser avec Abidjan, ou même Dakar ?
Lomé tient le cap, bien résolu à gagner son pari de devenir l’une des principales plateformes de services financiers en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, la capitale est parvenue à attirer sur sa zone franche les sièges d’institutions et de groupes financiers de premier plan. Imposants, celui de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD, sur l’avenue de la Libération) et, juste à côté (sur le boulevard circulaire), celui de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC, bras financier de la Cedeao), sont les QG historiques des deux institutions.
Envergure ouest-africaine oblige et compte tenu des chantiers majeurs en cours ou en projet dans la sous-région, leurs opérations financières et leurs levées de fonds sont de loin les plus importantes parmi celles opérées depuis Lomé.
La capitale togolaise accueille également le siège continental de banques panafricaines comme Orabank (avenue du 24-Janvier) et Ecobank (sur le boulevard du Mono), ainsi que celui du capital-investisseur Cauris Management, installé au sein du complexe de la BOAD. Désormais, c’est la KfW, l’institution financière publique allemande spécialisée dans l’aide au développement et à l’exportation, qui règle les derniers détails de son installation à Lomé, prévue dans les prochains mois. Quant à la construction du siège togolais de la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC), commencée en décembre 2014, elle se poursuit sur le boulevard du 13-Janvier. Le bâtiment de neuf étages devrait être livré vers la fin de 2016 ou le début de 2017.
Zone franche
Pour rester dans cette dynamique, il s’agit cependant de continuer à marquer des points face aux métropoles économiques régionales, comme Dakar, qui abrite le siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et surtout Abidjan, où la Banque africaine de -développement (BAD) a désormais repris ses quartiers et qui héberge notamment la Bourse régionale des valeurs -mobilières (BRVM), ainsi que les sièges régionaux de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD). La concurrence est d’autant plus rude depuis que la locomotive ivoirienne a laissé derrière elle la décennie de crise politique et renoué avec la croissance. Ainsi, dès 2012, Atlantic Financial Group (AFG), le holding de Banque Atlantique, a quitté son quartier général de Lomé pour emménager à Abidjan.
Outre la création de la zone franche, les autorités togolaises ont adopté successivement un code des investissements innovant et attractif et un code des marchés publics en adéquation avec les normes et standards internationaux. Elles mettent désormais les bouchées doubles pour que les infrastructures numériques indispensables aux transactions financières soient à niveau.
Elles ne manquent pas non plus de rappeler les progrès réalisés et les chantiers en cours en matière de dessertes routière et aérienne, notamment à l’aéroport international Gnassingbé-Eyadéma (dont le nouveau terminal est sur le point d’être inauguré. Ni que c’est à l’aéroport de Lomé qu’Asky Airlines a implanté son hub en 2010 (depuis la capitale togolaise, la compagnie panafricaine dessert aujourd’hui 22 destinations dans 19 pays d’Afrique occidentale et d’Afrique centrale).
Lobbying
Après des tournées en Asie et en Europe l’an dernier, l’exécutif poursuit son lobbying au niveau continental et international pour attirer de nouvelles institutions financières et d’aide au développement à Lomé, sous la houlette du ministre de l’Économie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, et de son homologue aux Affaires étrangères, Robert Dussey. « Notre modèle est Singapour, qui est la deuxième place financière d’Asie, explique ce dernier. Et nous renforçons notre coopération pour mieux nous inspirer de son exemple. » Ces derniers mois, le gouvernement a d’ailleurs entrepris de courtiser quelques grands fonds d’investissement asiatiques pour qu’ils viennent s’installer au Togo.
Source : Jeune Afrique | Baudelaire Mieu