Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique

Prof. Robert Dussey

Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique​

[Interview] Le Togo relèvera tous les défis, notamment sécuritaires, pour devenir un Etat émergent à l’horizon 2030

Le Togo peut se réjouir du chemin parcouru depuis son indépendance, il y a 56 ans, et doit désormais relever de nouveaux défis notamment sécuritaires, pour devenir un état émergent à l’horizon 2030, estime le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Robert Dussey, rencontré par Anadolu.

Le Ministre s’est aussi réjoui des excellentes relations et de la coopération qui se renforce entre le Togo et la Turquie, marquant l’ouverture vers un nouvel horizon, notamment dans le domaine économique.

A l’occasion du cinquante-sixième anniversaire de l’indépendance togolaise, Dussey dresse un bilan positif, du chemin parcouru par le pays, «marqué de succès, de tâtonnements, de bien d’erreurs mais aussi de défis qu’il fallait relever, dans un environnement international qui lui était défavorable.»

«Les moments de soubresauts des années 90 n’ont pas altéré la volonté des gouvernants togolais de bâtir une société prospère tournée davantage vers la satisfaction des besoins des populations et le développement, et aujourd’hui, le climat de stabilité politique et sécuritaire dont on peut se réjouir, offre l’opportunité au pays de poursuivre son processus de consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, en vue de faire du Togo un pays émergent à l’horizon 2030 », a souligné Dussey, dans une interview accordée à Anadolu.

L’intégration régionale et sous-régionale économique, le développement durable, les menaces transversales, sont autant de défis qui se présentent au Togo et à l’ensemble de l’Afrique, rappelle le ministre togolais qui insiste sur le fait que, d’un point de vue sécuritaire, le Togo s’est toujours engagé en faveur de la paix.

«Comme vous le savez, le Togo a toujours participé aux opérations de maintien de la paix. Il est l’un des grands contributeurs de troupes sur les terrains d’opération de maintien de la paix. A ce titre, le pays s’associe à la dynamique actuelle de lutte contre la criminalité de tout genre et de maintien de la stabilité sur le continent », souligne-t-il.

«Fidèle à son engagement en faveur de la paix et la sécurité internationales, et lorsqu’on sait les liens intrinsèques qui existent entre le développement et la sécurité, le Togo se réjouit d’abriter, le 15 octobre prochain à Lomé, le Sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. Ce sera une occasion importante pour les dirigeants africains de réfléchir, avec l’appui de leurs partenaires, à la problématique de la criminalité en mer, notamment la piraterie », justifie-t-il.

Alors que le terrorisme qui se traduit par la prolifération des organisations terroristes et des actes criminels, apparaît comme la principale menace à la paix et à la sécurité, le Togo, qui siège au conseil de sécurité de l’ONU, a fait de cette question une priorité.

«Des régions qui, jadis, n’avaient pas pleinement pris conscience de la gravité de la menace, ou qui s’estimaient être à l’abri du phénomène, sont devenues les cibles privilégiées des terroristes. Ainsi, même si le niveau de la menace varie d’un continent à un autre, d’un pays à un autre, aucun endroit n’en est épargné, à l’instar de la sous-région ouest-africaine où la réalité du phénomène est encore plus prégnante, avec les récentes attaques au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire ».

«Le spectre des facteurs qui alimentent ou ravivent ce phénomène est varié, et tient notamment à la pauvreté, la mauvaise gouvernance, les conflits, l’instabilité politique, la corruption, la faiblesse des institutions gouvernementales et l’accès facile aux armes », détaille-t-il.

«Dans le souci de renforcer la conscience et la mobilisation internationales face à cette menace et en m’inspirant de la situation qui prévaut dans la sous-région ouest-africaine, je voudrais insister sur la nécessité de renforcer la coopération régionale et internationale, dans une approche intégrée, collective inclusive» dit Dussey.

«Nous estimons que la solution militaire seule ne suffit pas et, à cet égard, la communauté internationale devrait aider le continent à perpétuer la dynamique positive de croissance économique qui bénéficiera, à coup sûr, aux populations vulnérables qui constituent le terreau de recrutement des terroristes », préconise-t-il.

D’autre part, interrogé sur les relations entre la Turquie et le Togo, le ministre des affaires étrangères, les a qualifié d' »excellentes » aussi bien sur le plan politique que diplomatique.

« Dans le domaine de la coopération bilatérale, il y’a tout d’abord lieu de relever que la politique étrangère de la Turquie vers l’Afrique intègre, en plus des objectifs économiques et commerciaux mutuellement avantageux, une approche globale qui inclut le développement de l’Afrique par une assistance technique sur la base de projets dans les domaines comme la lutte contre les maladies, le développement agricole, l’irrigation, l’énergie, l’éducation et le social », a-t-il énuméré.

« Aujourd’hui, les investissements privés turcs se multiplient et la coopération publique se renforce sur le continent et y compris au Togo qui, fort du principe de la diplomatie économique et avec l’amélioration du climat des affaires, sous l’impulsion du Chef de l’Etat (Faure Gnassingbé), connait l’affluence des investisseurs turcs », rappelle-t-il.

« A cet égard, je voudrais saluer les nouvelles perspectives de coopération et de partenariat qui existent, fort heureusement, entre les deux pays, marquées aujourd’hui par des contacts réguliers entre les hommes d’affaires à travers les chambres de commerce des deux pays. Ceci participe évidemment à stimuler les échanges commerciaux qui sont restés pendant longtemps en deçà des potentialités que chacun des deux pays dispose en la matière », conclut-il.

Source : AA/Lomé

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