‘Les Nations qui ont le pied marin ne peuvent se permettre d’avoir le mal de mer’. La métaphore de Bert Koenders sonne comme un avertissement. La lutte contre la piraterie maritime doit être une priorité internationale même si elle se concentre actuellement dans la région du Golfe de Guinée.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères participait samedi aux Nations Unies à New York à un évènement parallèle organisé par le Togo et les Pays Bas sur le thème de la sécurité maritime à quelques mois de la tenue à Lomé d’une conférence internationale sur ce thème.
Outre Faure Gnassingbé qui présidait la séance, on notait la participation des présidents du Sénégal et du Bénin, du Premier ministre béninois, des ministres des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire et du Cameroun, du vice-président de la Commission de l’Union africaine, des représentants de la France, des Etats-Unis et de l’Union européenne et du directeur de l’ONG américaine ‘Oceans Beyond Piracy’, John Huggins.
Fléau jugulé au large de la Somalie, la piraterie maritime s’est déplacée dans le Golfe de Guinée, les trafiquants ont changé de région, mais la menace est à même, a indiqué le président togolais.
Cette activité criminelle fait perdre chaque année au minimum 7 milliards de dollars aux pays du Golfe de Guinée, a-t-il précisé.
Il a ajouté que 35 à 40 tonnes de drogue par an – essentiellement de la cocaïne – étaient acheminées par les trafiquants vers les côtes africaines avant d’être réexpédiés par voie maritime vers l’Europe.
A cela, il faut ajouter le trafic d’armes qui alimente le terrorisme sur le continent.
‘92% du trafic mondial s’effectue par la mer, il est inconcevable que l’insécurité persiste en Afrique ou ailleurs’, a martelé le chef de l’Etat togolais.
‘La mer est d’une importance vitale pour le commerce international. A cet égard, les Pays Bas ont une longue tradition maritime. De Rotterdam aux grands ports africains, il faut à peine 8 jours’, a rappelé Bert Koenders.
La criminalité maritime est une menace pour l’économie mondiale qui nécessite une réponse coordonnée dans le cadre d’un partenariat basé sur l’égalité.
Macky Sall, le président sénégalais, a salué l’initiative du Togo d’organiser en 2016 un sommet sur la sécurité maritime.
Lionel Zinsou, le Premier ministre béninois a souligné que la piraterie maritime était la parafiscalité du terrorisme et du crime organisé. Il a mis en garde contre des mafias qui deviennent plus fortes que les Etats car plus riches.
‘La conférence de Lomé constitue un rendez-vous crucial afin d’élaborer une stratégie pour mettre à terme à l’insécurité maritime. Le menace est très importante même si elle semble invisible aux yeux de l’opinion publique internationale’, a déclaré le PM béninois.
Il a suggéré aux pays de la région de mutualiser leurs efforts et d’échanger leurs informations, seul moyen d’être plus forts que les trafiquants.
Dans ce combat, le Togo et ses voisins peuvent compter sur l’appui de la France, a indiqué Marie-Hélène Maysounave, la représentante spéciale chargée de la lutte internationale contre la piraterie maritime au ministère français des Affaires étrangères.
‘Le Cameroun, qui avait abrité la première conférence sur ce thème, encourage le Togo à prendre le relais’, a souligné pour sa part le chef de la diplomatie camerounaise Pierre Moukoko Mbonjo.
Le président Faure Gnassingbé s’est félicité de la qualité des débats qui viendront enrichir les discussions lors du prochain sommet.
Bert Koenders a émis le souhait que le prochain sommet de Lomé soit l’occasion de passer du stade des discussions à celui de l’opérationnalisation de la lutte contre les criminels.
Alors que les autorités togolaises ont annoncé il y a quelques jours un report du sommet – prévu en novembre 2015 – en raison de problèmes logistiques, on s’aperçoit lors des discussions de New York que la mobilisation n’a jamais été aussi forte autour de cette thématique.
Paradoxe, le report de la conférence à 2016 donnera encore davantage de crédibilité à cette rencontre.
Source : Republiqueoftogo.com