Ministre des Affaires EtrangÚres, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
NĂ©gociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique

Prof. Robert Dussey

Ministre des Affaires EtrangÚres, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
NĂ©gociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique​

Mieux lutter contre le péril djihadiste

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pressé jeudi les dizaines de dirigeants musulmans réunis à Istanbul de surmonter les différences confessionnelles pour mieux lutter contre le péril djihadiste et apaiser une région minée par les guerres.

Le chef de l’Etat turc, qui s’exprimait Ă  l’ouverture de la 13e confĂ©rence annuelle de l’Organisation de la coopĂ©ration islamique (OCI), a annoncĂ© la crĂ©ation prochaine d’un « Interpol islamique » basĂ© Ă  Istanbul pour coordonner la lutte antiterroriste.

« Nous ne devons pas nous diviser, mais nous rassembler (
) pourquoi attendons-nous une aide extĂ©rieure pour affronter nos diffĂ©rends et faire face aux actes terroristes ? Nous devons nous en occuper nous-mĂȘmes », a dĂ©clarĂ© M. Erdogan devant ses hĂŽtes, dont le roi Salmane d’Arabie saoudite et le prĂ©sident iranien Hassan Rouhani.

« Le principal dĂ©fi que nous devons surmonter, c’est le confessionnalisme. Ma religion n’est pas le sunnisme ou le chiisme. C’est l’islam », a-t-il ajoutĂ©.

Les reprĂ©sentants de 56 pays, dont une trentaine de chefs d’Etat, participent au sommet dans un contexte de crises rĂ©gionales et mondiales, marquĂ©es par la poursuite des conflits en Syrie et au YĂ©men et une sĂ©rie d’attentats qui ont ensanglantĂ© plusieurs Etats, dont la Turquie hĂŽte.

Le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, reprĂ©sente le chef de l’Etat Ă  ce sommet.

Tirant Ă  boulets rouges sur le groupe Etat islamique (EI) et « toutes les organisations terroristes qui servent la mĂȘme cause malĂ©fique », le prĂ©sident Erdogan a annoncĂ© que sa proposition de crĂ©er un « centre de coopĂ©ration et de coordination » des polices des pays de l’OCI avait Ă©tĂ© acceptĂ©e.

Celui-ci sera basé à Istanbul, a affirmé M. Erdogan, sans autre détail.

Le sommet de l’OCI se dĂ©roule sous haute sĂ©curitĂ© dans le centre d’Istanbul, quadrillĂ© par plus de 5.000 policiers spĂ©cialement mobilisĂ©s, selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, et survolĂ© par des hĂ©licoptĂšres.

La Turquie vit depuis plusieurs mois en Ă©tat d’alerte renforcĂ©e en raison d’une sĂ©rie d’attentats attribuĂ©s Ă  l’EI ou liĂ©s Ă  la reprise du conflit kurde.

Avant le coup d’envoi du sommet, M. Erdogan a offert mercredi soir Ă  ses invitĂ©s un tour sur le Bosphore Ă  bord d’un yacht de luxe et a multipliĂ© les entretiens bilatĂ©raux. Il a reçu dĂšs mardi en grande pompe le roi saoudien et il doit rencontrer son homologue iranien aprĂšs le sommet.

Ce rassemblement dans l’ancienne capitale de l’Empire ottoman, qui rayonnait autrefois sur trois continents, revĂȘt une dimension diplomatique importante pour la Turquie, pour qui la pĂ©riode des « printemps arabes » s’est soldĂ©e par un fort isolement.

Le pays est brouillĂ© avec l’Egypte depuis le renversement en 2013 du prĂ©sident issu des FrĂšres musulmans Mohamed Morsi, coupĂ© de la Syrie de Bachar al-Assad et les relations avec l’Iran chiite sont Ă©conomiquement en pleine croissance mais diplomatiquement volatiles.

Egalement en froid avec Moscou aprĂšs avoir abattu un avion russe accusĂ© d’avoir violĂ© leur espace aĂ©rien Ă  la frontiĂšre syrienne, les Turcs ont multipliĂ© les efforts pour rĂ©activer dans la rĂ©gion d’anciennes amitiĂ©s, comme celle avec IsraĂ«l, ou chercher des alliances nouvelles, notamment avec l’Arabie saoudite.

Lors du sommet, M. Erdogan a Ă©galement abordĂ© la question palestinienne, un sujet central lors de la confĂ©rence annuelle de l’OCI.

« La seule voie pour une paix durable en Palestine et dans la rĂ©gion passe d’abord par la fin de l’occupation (israĂ©lienne) et la crĂ©ation d’une Palestine indĂ©pendante avec pour capitale JĂ©rusalem-Est », a dit M. Erdogan.

La rencontre a aussi lieu dans le contexte d’une dĂ©fiance croissante Ă  l’égard de l’islam dans de nombreux pays occidentaux aprĂšs une vague d’attentats revendiquĂ©s par l’EI (Etat Islamique), notamment en France et en Belgique.

M. Erdogan a dĂ©plorĂ© l’ « augmentation dangereuse de l’islamophobie et du racisme dans les pays occidentaux », Ă©gratignĂ©s pour leur « ambivalence » face aux attentats. « Ils parlent des attentats de Bruxelles, ils parlent des attentats de Paris », a dit M. Erdogan. « Mais pourquoi ne parlent-ils pas des attentats d’Ankara ou de Lahore (Pakistan)? »

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