A l’heure où la République du Togo rejoint pour la première fois le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, nous souhaitons faire entendre une voix alternative dans cette assemblée : il n’y a pas de droits de l’Homme qui résistent à la misère ! Le droit au développement est un droit de l’Homme à part entière.
Il est évident que la protection et le renforcement des droits de l’Homme constituent un idéal à atteindre pour l’ensemble des sociétés démocratiques.
Ces droits sont au centre de nos projets de société, et prennent un sens inédit avec les enjeux croissants de réchauffement climatique et de développement durable, à savoir une nouvelle orientation axée sur l’être humain et sa qualité de vie.
Le développement durable, c’est l’expression de l’intérêt humain bien compris avec une prise de conscience écologique contemporaine aux sources très anciennes (les penseurs environnementalistes grecs) et diverses (Afrique, Orient, etc.).
Il traduit une vision de la responsabilité humaine orientée vers l’avenir comme l’établissait bien Hans Jonas dans son ouvrage Le principe responsabilité, mais d’abord et avant tout ancrée dans le présent.
Le développement durable pose la problématique de la justice intergénérationnelle, mais aussi celle de la justice intragénérationnelle, conditions de la réalisation du droit humain fondamental qu’est le droit au développement.
Le droit de chaque être humain au développement est une composante essentielle des droits fondamentaux de la personne. Il est indispensable à l’éclosion des diverses dispositions naturelles en germe en tout être humain.
La nature humaine est perfectible et chaque citoyen du monde ou groupe humain a droit au développement. La perfectibilité de la nature humaine dont parlaient les éminents penseurs du siècle des Lumières tels que Rousseau, Condorcet et Kant est le fondement le plus essentiel du droit humain au progrès.
Le droit humain au progrès, l’autre nom du droit au développement, est le soubassement et la fin de toute plate-forme de développement viable. La fin du développement, c’est le bien-être de la personne humaine, bien-être individuel et collectif. L’être humain est la finalité ultime du développement.
Mais, qu’en est-il du droit humain au développement dans notre monde actuel ?
Il faut le dire, ce droit au développement est menacé dans son principe même.
La « grande pauvreté » aux terribles conséquences, les exclusions, les humiliations de toute sorte, les inégalités dans le domaine social ou celui de la santé sont trop criardes, les inégalités écologiques (répartition injuste des risques écologiques) et les inégalités de développement entre les pays du Nord et ceux du Sud sont incompatibles avec les droits de l’homme et le droit humain au développement.
Nous faisons face à une fracture sociale internationale qui menace dangereusement le droit des êtres humains et des peuples au développement qui est au socle même des objectifs du développement durable.
C’est dire que le droit humain des acteurs et des groupes sociaux au développement demande de nous plus de justice sociale, de justice environnementale et de responsabilité.
L’on ne peut poser le problème du développement durable sans tenir compte de l’épineuse question de la justice (re)distributive immanente aux relations entre les plus riches et les plus pauvres, les générations présentes et les générations futures, les pays du Nord et du Sud.
L’impératif de justice intergénérationnelle et intragénérationnelle exige de nous à l’échelle mondiale une responsabilité globale. Car, comme le dit Martin Luther King dans son Autobiographie, « l’injustice, où qu’elle soit, est une menace pour la justice, où qu’elle soit ».
Quant à la justice environnementale, elle présuppose l’idée que les inégalités écologiques sont des formes d’injustices à réparer au nom du droit humain au développement.
Par Robert Dussey,
Source : Huffingtonpost.fr