Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique

Prof. Robert Dussey

Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique​

Intervention de S.E. Prof Robert DUSSEY, à la première conférence régionale de l’Afrique australe du 9ème Congrès panafricain de Lomé 2024

Thème : « Panafricanisme, sciences, savoirs et technologie ».

Honorable docteur Naledi PANDOR, ministre des relations internationales et de la coopération de la République d’Afrique du Sud,

Honorable docteur Blade NZIMANDE, ministre de l’enseignement supérieur, de la science et de l’innovation de la République d’Afrique du Sud,

Chers collègues ministres,

Chers membres du Haut comité pour la Décennie des Racines Africaines et de la Diaspora Africaine,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais, à l’entame de mon propos, remercier le Gouvernement et le peuple de la République d’Afrique du Sud pour l’accueil chaleureux qui m’a été réservé ainsi qu’à ma délégation depuis notre arrivée dans ce beau pays.

Je profite de cette occasion pour féliciter le gouvernement sud-africain pour avoir accueilli cette conférence préparatoire régionale de l’Afrique Australe du 9e Congrès panafricain qui se tiendra à Lomé en 2024.

Permettez-moi de rappeler que le 13 juin 2023, la 6e session du Haut comité chargé de l’Agenda de la Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine a décidé que des consultations régionales seraient organisées dans les six régions, y compris la Diaspora, dans le cadre des préparatifs du 9e congrès panafricain de Lomé 2024.

Au nom du Gouvernement Togolais, je voudrais saluer l’organisation par la République d’Afrique du Sud de la première conférence régionale préparatoire sous le thème : « Panafricanisme, sciences, savoirs et technologies ». Cette conférence arrive à point nommé, d’autant plus qu’elle se tient juste avant le Forum scientifique de l’Afrique du Sud.

Si le panafricanisme repose sur l’idée selon laquelle les peuples d’ascendance africaine ont des intérêts communs et doivent être unifiés, la science est considérée comme la poursuite et l’application de la connaissance et de la compréhension du monde naturel et social suivant une méthodologie systématique fondée sur des preuves.

Quant aux savoirs, ils peuvent être définies comme des faits, des informations ou des compétences acquises par l’expérience, la compréhension théorique ou pratique d’un sujet, et la technologie comme l’application des connaissances scientifiques à des fins pratiques, notamment dans l’industrie.

En considérant ces définitions, nous pouvons constater qu’il existe un lien clair entre le panafricanisme, la science, le savoir et la technologie. Ce qui confirme la pertinence du thème choisi.

Je prends donc note des sous-thèmes tout aussi pertinents qui seront débattus lors de cette conférence tels que, entre autres : l’influence du panafricanisme sur les relations internationales et le développement de l’Afrique ; du panafricanisme à l’Agenda 2063 ; construire un continent africain meilleur : opportunités pour une croissance durable ; la contribution de la diaspora au développement du continent ; le rôle des partenariats multilatéraux de l’UA dans l’engagement des partenaires en développement pour un développement durable ; construire une intégration économique durable grâce à l’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf) ; la transformation numérique pour accroître le commerce intra-africain…..

Compte tenu de l’importance de ces sous-thèmes, j’attends avec impatience les résultats de cette conférence sous la forme de propositions concrètes provenant des tables rondes et des dialogues interactifs. Vous pouvez à cet effet compter sur la contribution active de ma délégation.

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Le contexte actuel est marqué par la renaissance du panafricanisme. Le panafricanisme a été et reste aujourd’hui le cadre le plus représentatif de l’alliance de l’Afrique avec ses diasporas. Le défi actuel est de revitaliser le panafricanisme dans l’intérêt de l’Afrique et de ses diasporas à travers le monde.

La relation de l’Afrique avec les afro-descendants ne doit pas être seulement une relation tournée vers et basée sur le passé, visant à réaffirmer leur identité africaine. Elle doit être appréhendée dans son actualité et surtout dans son avenir, un avenir à construire ensemble dans le cadre du panafricanisme.

A cet égard, je voudrais souligner l’importance et la pertinence du panafricanisme pour faire avancer l’Agenda 2063 de l’Union africaine : l’Afrique que nous voulons, le cadre stratégique du continent qui vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable et qui en est une manifestation concrète de la campagne panafricaine pour l’unité, l’autodétermination, la liberté, le progrès et la prospérité collective poursuivie dans le cadre du panafricanisme et de la Renaissance africaine.

Le panafricanisme est un élément essentiel et pertinent pour faire avancer l’Agenda 2063, car il fournit le fondement, la vision et les valeurs de l’Agenda 2063. Il inspire et guide ses actions et ses initiatives qui visent à renforcer et à stimuler les connaissances, le développement scientifique et technologique.

Le panafricanisme est également un outil stratégique et opérationnel permettant de fédérer et de coordonner les connaissances, les ressources scientifiques et technologiques de l’Afrique et de sa diaspora. Le panafricanisme est donc un idéal, mais aussi une réalité, qu’il faut préserver, renforcer et réinventer, pour réaliser l’Afrique que nous voulons.

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Vous vous souviendrez que lors de sa 34e session, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, dans sa décision des 7 et 8 février 2021 adoptée à Addis-Abeba en Éthiopie, a déclaré la période 2021-2031 « Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine ». La conférence a en outre désigné le Togo comme champion de l’UA pour la Décennie et a approuvé la création d’un Haut comité chargé de l’Agenda de la décennie.

L’objectif principal de cette décision est de mettre en place une plateforme de préparation, de promotion et d’accompagnement de projets, d’initiatives et d’événements liés aux racines et diasporas africaines au cours de la décennie 2021-2031.

A travers les différents projets et programmes, il s’agit de participer au renforcement des contributions des diasporas et ascendants africains au développement durable du continent prescrit par l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

C’est un fait que les personnes d’ascendance africaine et de la diaspora jouent un rôle essentiel dans l’émancipation du continent en soutenant les programmes de développement en Afrique par un plaidoyer efficace auprès des organes législatifs et exécutifs de leurs pays d’accueil, de la société civile, des organisations non gouvernementales (ONG), du monde universitaire, entre autres.

De même, les diasporas africaines, par leur expertise, leurs engagements sociaux et leur poids financier et économique, restent des partenaires et parties prenantes essentielles dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

La Décennie des racines et des diasporas Africaines est l’une des initiatives innovantes visant à rassembler et fédérer des projets et programmes visant à renforcer le rôle et les contributions des personnes d’origine africaine et des diasporas au développement économique du continent africain.

Rien qu’en termes de transferts financiers effectués par la diaspora vers l’Afrique, les chiffres des envois de fonds parlent d’eux-mêmes avec près de 689 milliards de dollars en 2018, contre 683 milliards de dollars l’année précédente selon la Banque mondiale.

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais informer cette conférence que, afin d’assurer la continuité historique du mouvement panafricaniste, mais aussi de raviver la flamme du panafricanisme dans le contexte actuel où l’Afrique peine à faire véritablement entendre sa voix sur la scène mondiale, le Togo et l’Union Africaine coorganiseront à Lomé en 2024, conformément à la Décision de la 36e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine, tenue les 18 et 19 février 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 9e Congrès panafricain sur le thème :

« Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser des ressources et se réinventer pour agir ».

Ainsi, le Togo et l’Union africaine, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2021-2031 de la « Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine », ont procédé, le 22 mai 2023 à Lomé, au lancement officiel du 9e Congrès panafricain. La cérémonie de lancement, présidée par Son Excellence madame Victoire TOMEGAH-DOGBE, Premier Ministre, Chef du Gouvernement, au nom de Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République togolaise, a été marquée par la présence des membres du Gouvernement togolais, des présidents des institutions de la République ainsi que d’autres personnalités de l’Union africaine, du continent, des diasporas africaines et des communautés d’ascendance africaine.

Je voudrais, très chère sœur Naledi, vous remercier pour avoir personnellement assisté à cette cérémonie de lancement et souligné, à cette occasion, l’importance contemporaine du panafricanisme ainsi que la détermination de l’Afrique du Sud à travailler aux côtés du Togo et de l’UA pour le succès du prochain congrès.

Le Congrès panafricain de Lomé sera un espace privilégié pour les Africains vivant sur le continent et hors du continent (la diaspora et les afro-descendants) de s’interroger notamment sur la question de leur devenir humain, politique, culturel, social et sociétal, dans un monde de plus en plus instable, en panne de responsabilité collective et de gouvernance concertée impliquant l’Afrique.

A travers ce congrès, les pays africains devront réfléchir sur comment inventer une forme d’association humaine, une organisation politique et de nouvelles visions afin de définir ce qu’ils veulent et peuvent pour eux-mêmes et par eux- mêmes (‘africanophonie’), aux côtés d’autres acteurs majeurs de l’économie mondiale et de la scène politique internationale.

Le Congrès panafricain de Lomé permettra aussi d’examiner la vision et les moyens par lesquels le développement du continent peut tirer les meilleurs bénéfices de la capitalisation des compétences, des expertises, du leadership de la diaspora et des afro-descendants. Il s’agit d’un réservoir de potentialités à transformer en puissants levier de développement pour le continent.

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Comme je l’ai précédemment mentionné, cette conférence est la première réunion préparatoire régionale sur les six prévues, y compris dans la diaspora.

A ce jour, concernant les préparatifs du 9e Congrès panafricain, il convient de noter, entre autres, la mise en place effective du Haut comité de la Décennie des racines et de la diaspora africaine composé d’une quinzaine de membres, la désignation des points focaux nationaux pour soutenir la préparation du congrès.

La prochaine étape consistera à désigner les membres du comité international de préparation du congrès panafricain de Lomé. Ces derniers auront pour tâche de décliner les grandes orientations du congrès, suivre les activités de préparation et des autres initiatives connexes.

Parallèlement, les cinq autres conférences régionales préparatoires se tiendront, et comme celle-ci, elles formuleront des recommandations et des propositions phares en lien avec leur thématique pour un panafricanisme réinventé.

Le Congrès aboutira à la « Déclaration du Congrès panafricain de Lomé » portant notamment sur :

  • la question du devenir humain, politique, culturel, social, identitaire et sociétal de l’Africain dans un monde en mutations profondes et de son statut par rapport aux autres peuples du monde ;
  • le besoin de concevoir en commun pour l’Afrique, une vision, une doctrine et des principes d’actions d’un panafricanisme réinventé et ressourcé pour peser dans la réforme des institutions en s’appuyer sur nos atouts et nos potentialités ;
  • une communauté de passé, de racines et de destins avec les africains et leurs ascendants vivant hors du continent conduisant à concevoir une vision et des moyens innovants permettant de faire, de la diaspora et les afro-descendants les acteurs stratégiques reconnus du développement de l’Afrique.

Plus concrètement, le congrès aura pour résultats :

  • la concrétisation de l’ambition pour le renouveau du panafricanisme traduite par l’élaboration d’un document de référence (« livre blanc ») présentant la vision, les principes fondateurs et quelques projets phares ;
  • la préconisation et la formulation de nouvelles stratégies fortes notamment sur :
    • la mobilisation des ressources innovantes et des partenariats pour l’Afrique ;
    • des réponses collectives aux aspirations fortes de la diaspora et des afro-descendants quant à leurs origines, racines ou identités africaines ;
    • de nouvelles approches et un nouveau paradigme panafricain pour se réinventer afin de mieux agir au service du développement et du rayonnement du continent.
    • l’élaboration et la diffusion d’un document de vulgarisation sur les apports aux populations du Congrès partout en Afrique et dans la diaspora et dans les communautés afro-descendantes pour confirmer qu’il s’agit bien d’un congrès panafricain de peuples, ceux-ci étant associés aussi bien dans les préparatifs comme parties prenantes que lors de l’organisation du congrès à Lomé.

Concernant la participation, le congrès réunira les Chefs d’Etat et de gouvernement, les représentants de la diaspora, les universitaires et les chercheurs, les acteurs de la société civile et les représentants du secteur privé. 

Les inscriptions pour participer au 9e Congrès sont déjà ouvertes sur le site internet du Congrès. J’ai hâte de tous vous accueillir à Lomé du 22 au 25 octobre 2024 pour le 9e congrès panafricain.   

Je vous remercie pour votre aimable attention.

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