Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique

Prof. Robert Dussey

Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique​

Conférence de Rabat: Intervention de Robert DUSSEY

Évènement virtuel, 18 avril 2024

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Étranger du Royaume du Maroc,

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Président du Conseil exécutif de l’Union Africaine,

Madame la Vice-Présidente de la Commission de l’Union Africaine,

Mesdames et Messieurs les Ministres des pays membres du Haut Comité de l’Union Africaine en charge de l’Agenda de la « Décennie 2021-2031 : des Racines Africaines et de la Diaspora africaine »,

Mesdames et Messieurs les Ministres de la région Afrique du Nord,

Mesdames et Messieurs les Ministres des pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est,

Chers frères de la diaspora et Afro-descendants en ligne ;

Mesdames et messieurs les panélistes,

Distingués invités,

Chers participants,

Mesdames et messieurs,

Le lien historique entre la migration et le panafricanisme fait que nous ne pouvons pas négliger la relationalité entre les deux dynamiques dans le cadre du 9e Congrès panafricain de Lomé dans le contexte actuel de la renaissance du panafricanisme.

C’est pourquoi, au niveau du Haut Comité de l’Union africaine en charge de l’Agenda de la « Décennie 2021-2031 : des Racines Africaines et de la Diaspora africaine », nous avions retenu après d’intenses échanges le thème « Panafricanisme et migration » comme l’un des thèmes des six (6) conférences régionales envisagées.

Une fois l’option retenue, un choix par ailleurs motivé par l’actualité de la question migratoire et l’ensemble des défis qu’elle soulève, le Haut Comité a sans hésitation pensé au Royaume du Maroc dont l’engagement volontariste et soutenu sur les problématiques migratoires est très bien connu sur le continent et à l’échelle mondiale.

Je voudrais saisir cette occasion, dont la solennité apporte plus de lumière au 9e Congrès panafricain après les conférences-précongrès  régionales d’Afrique du Sud et du Mali, pour remercier, au nom du Haut Comité en charge de la Décennie et de S.E.M. Faure Essozimna GNASSINGBÉ, Président de la République togolaise, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI du Royaume du Maroc, « Champion de l’Union Africaine sur la question de la migration », pour son travail au service de l’idéal panafricain bien heureusement en pleine renaissance.

À la vérité, le Royaume du Maroc a été l’un des grands acteurs du tournant continental du panafricanisme après le tournant diasporique. Né dans la Diaspora, l’élan de réappropriation du panafricanisme à l’échelle de l’Afrique continentale s’est fait sur fond d’engagement fort de quelques États au leadership visionnaire dont le Maroc.

Le panafricanisme, des années d’indépendance à nos jours, est littéralement et symboliquement inséparable de la ville de Casablanca qui a réuni le 4 janvier 1961 à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed V l’Afrique autour de l’unité africaine.  Le Maroc a été hier au cœur du panafricanisme et demeure aujourd’hui au cœur du panafricanisme grâce à l’excellent travail qu’il fait de concert avec nos États au sein de l’UA et au service de la cause panafricaine. Même si l’évènement est virtuel, tous nos esprits sont tournés ce matin vers Rabat.

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Chers participants,

Nos identités sont multiples et composites, mais celle qui nous réunit, nous unit en ce moment et nous constitue en tout temps et en tout lieu, c’est notre identité africaine commune. Les travaux de Cheikh Anta Diop nous ont montré, avec une grande et forte résonance, quelle est la part de l’Afrique du Nord dans l’histoire générale de l’Afrique et le rôle de l’Afrique subsaharienne dans le devenir historique du Maghreb. L’identité nord-africaine est l’une de composantes de l’identité africaine qui nous fonde et nous constitue en tant qu’êtres.

Comme j’aime le rappeler depuis quelque temps avec Georges Padmore, le panafricanisme [est une] manifestation de solidarité fraternelle entre africains et peuples d’ascendance africaine ». Et le premier des enseignements qu’il nous faut tirer du regain d’intérêt actuel pour le panafricanisme dans un monde en plein mouvement de recomposition, c’est la nécessaire réactivation de la solidarité panafricaine, qui seule nous fortifie et peut nous permettre de tenir notre rang en tant que continent par lequel passe la route de l’avenir du monde.

L’exhortation du Président Kwame Nkrumah en 1963 à l’occasion de la fondation de l’Afrique de l’Union demeure d’actualité et la voie de la rédemption : « Africa must unite ». « Unie, l’Afrique pourra devenir pour de bon l’une des plus grandes forces de ce monde ».

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Chers participants,

Comment peut-on comprendre que malgré l’immensité des atouts dont   nous disposons et la vigueur des nouvelles générations africaines, notre continent soit toujours maintenu à une position de marginalité datant des années 1945 ? Cette question devrait nous remobiliser autour de la cause panafricaine et du 9e Congrès panafricain prévu du 29 octobre au 02 novembre 2024 à Lomé sur le thème « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ».  

La mobilisation des pays d’Afrique du Nord, mais aussi d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est autour de cette conférence régionale me convainc de notre compréhension de la grandeur et de l’importance de l’enjeu, celui du sort et de la place de l’Afrique et des Africains dans le monde.  

Mesdames et Messieurs

C’est la migration, il est vrai douloureuse, qui a au commencement accouché le panafricanisme en tant que mouvement de lutte pour la dignité, la liberté, la justice et pour le triomphe du droit inaliénable des peuples d’Afrique à disposer d’eux-mêmes et librement de leurs ressources. Quand on voit la mobilisation de nos frères de la diaspora et des Afro-descendants dans le cadre du renouveau actuel du panafricanisme, on ne peut imaginer aucun instant que l’on peut relancer le mouvement panafricain sans retenir la migration comme étant l’une des problématiques et des préoccupations les plus essentielles.

Mettre le panafricanisme en lien avec la migration dans une rencontre de haut niveau du genre présente des avantages certains et pertinents. D’abord, cela permet d’explorer les racines du panafricanisme et de rappeler aux plus jeunes générations les grandes figures de la sixième région d’Afrique tels Henry Sylvester William, William Du Bois, Marcus Garvey, Edward W. Blyden et Aimé Césaire dont les noms sont liés au panafricanisme. Ensuite, mettre le panafricanisme et la migration en lien aujourd’hui permet d’accorder à la diaspora et aux Afro-descendants la place qui est la leur dans le processus d’empowerment de l’Afrique sur une scène mondiale et du développement continental.

Contrairement aux idéologies anti-migratoires qui font de la mobilité humaine un problème, il nous faut voir dans la migration la solution. Parti en effet d’un coin de la terre, l’être humain a conquis la surface du globe à travers la migration. Le monde, tel qu’il se présente à chaque temporalité historique, est un produit de la migration. La migration fait la beauté du tapis du monde et c’est pourquoi il nous est nécessaire de déconstruire les narratifs dangereux sur la mobilité humaine internationale pour y voir un pont, un facteur de rapprochement et de décloisonnement des appartenances. Nous devons développer notre propre vision de la migration africaine.

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Chers participants,

Cette conférence régionale, j’espère, permettra à travers ses deux sessions plénières et le travail des experts panélistes de faire avancer le chantier de la déconstruction des narratifs pernicieux sur la migration, d’explorer les expériences nationales et les voies africaines en matière de gouvernance de la migration, de mettre en valeur la contribution des diasporas africaines à la dynamique d’évolution positive des économies africaines et de réaffirmer la relation de consubstantialité entre la migration africaine et le panafricanisme.

Je demeure fortement persuadé que ces travaux de la conférence régionale d’Afrique du Nord déboucheront sur des recommandations et conclusions pertinentes qui viendront enrichir le 9e Congrès panafricain de Lomé.

Pour finir, je voudrais renouveler mes remerciements à l’endroit du Royaume du Maroc pour son leadership sur les problématiques migratoires et la cause panafricaine. Je voudrais également remercier tous les collègues ministres en ligne et les autres participants pour leur mobilisation autour de cet évènement malgré leurs contraintes calendaires et leurs charges de travail au quotidien.

Vive l’Unité africaine ;

Vive la Solidarité panafricaine ;Je vous remercie pour votre aimable attention.

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