Le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et de l’Intégration Africaine Robert Dussey a accordé une interview au Magazine Afrique Education sur la préparation du Sommet de Lomé sur la sécurité maritime.
Retrouvez ci-après l’intégralité de l’interview.
Afrique Education : Vous avez mis votre séjour, à New York, en marge de la signature de l’Accord sur la COP 21, à profit, pour accélérer les préparatifs du Sommet du 15 octobre sur la piraterie dont vous êtes le président du Comité d’organisation. Où en êtes-vous ? Pouvez-vous nous faire le point ?
Professeur Robert Dussey : Merci pour l’intérêt que vous ne cessez de manifester pour la réussite de ce Sommet.
Je voudrais vous rassurer que les préparatifs de ce Sommet avancent, plutôt, bien, sous la conduite du chef de l’Etat, et nous sommes satisfaits, jusqu’ici, du soutien de la communauté internationale et de nos différents partenaires qui accompagnent, pleinement, le Togo.
Pas plus tard que la semaine dernière (en marge du Sommet sur le Climat, ndlr), j’ai eu l’honneur de représenter, à New York, le chef de l’Etat, à l’occasion du débat public de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations-Unies consacré à la piraterie et vols à main armée en mer dans le Golfe de Guinée. C’est la première fois, depuis cinq ans, que le Conseil consacre une réunion à cette question.
A cette occasion, nous avons sollicité le soutien de la communauté internationale en faveur de la Charte relative à la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, qui sera adoptée, à Lomé, lors du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) sur ces questions.
Bien, évidemment, nous avons été entendus et il faut, encore, une fois, s’en réjouir. Le Conseil a adopté une « Déclaration présidentielle » qui réaffirme l’engagement de la communauté internationale à participer aux côtés des Etats du Golfe de Guinée, à la lutte contre les actes de piraterie et de vols à main armée en mer, dans le Golfe de Guinée.
Comme vous le savez, le projet de Charte de Lomé prend, d’ores et déjà, en compte, les préoccupations exprimées par le Conseil de sécurité dans ses résolutions 2018 (2011), 2039 (2012) et 2184 (2014) par lesquelles il recommandait de prendre les mesures idoines et efficaces pour juguler ces fléaux. La Charte est un véritable texte juridique contraignant qui comporte plusieurs avantages pour les pays africains dans leur ensemble dans la mesure où il va leur permettre d’accroître l’efficacité de la surveillance de leurs espaces maritimes et côtiers, grâce aux échanges et au partage d’informations, ainsi qu’au renforcement de leur coopération en matière d’entraide judiciaire, dans le cadre des poursuites contre les auteurs présumés de ces actes.
Précisons, tout de suite, que le Sommet de Lomé ne concerne pas, uniquement, la piraterie maritime, mais, va bien au-delà, et, couvre des domaines, aussi, vastes que ceux de la pêche illicite non déclarée et non réglementée (Pêche INN), les trafics de tout genre transitant par la mer, la préservation de l’environnement marin, la mer comme facteur de développement (économie bleue), la coopération régionale et internationale pour la sécurité maritime.
Il ne faut pas perdre de vue que la Charte de Lomé entre en droite ligne de la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les Mers et les Océans à l’Horizon 2050 (Stratégie AIM 2050) de l’Union africaine.
Le Conseil a, vivement, félicité cette initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, le 15 octobre 2016 prochain, a invité la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer, activement, et à appuyer le Togo.
Je voudrais remercier, une fois, encore, le Conseil de sécurité pour cette mobilisation en faveur de notre pays.
Au plan interne, les choses s’accélèrent, également :
la réception de l’Hôtel Radisson Blu 2 Février, qui a constitué la pierre d’achoppement, à un moment donné, aujourd’hui, est chose faite ;
d’autres hôtels avaient été, déjà, remis à neuf, pour la circonstance ; nous disposons, aujourd’hui, de plus de 3.000 chambres pour accueillir nos hôtes ;
la nouvelle aérogare de Lomé, l’une des plus modernes de notre sous-région, a été inaugurée le 25 avril dernier, par le président Faure GNASSINGBE, vous le savez ;
les infrastructures routières de la capitale, qui étaient, encore, en chantier, il n’y a pas, si longtemps, ont été, pour l’essentiel, réceptionnées ;
mieux, la plateforme aménagée pour recevoir la tente qui servira de grande salle de conférence avec des équipements et installations ultramodernes répondant aux normes et exigences de l’Union africaine est, quasiment, prête, de même que deux autres tentes de taille moyenne pour servir, l’une de salle de huis clos, et, l’autre de salle des médias ;
les documents de travail, y compris, le projet de Charte conçu par une équipe de fonctionnaires compétents de mon département et d’autres ministères techniques, sont, en ce moment, à l’étude au niveau de la Commission de l’Union africaine pour validation.
Bref, tout est fin prêt pour que ce Sommet connaisse un succès éclatant.
Afrique Education : Un mot sur la réouverture de l’hôtel 2 Février qui avait été à l’ origine de l’annulation dudit Sommet l’année dernière. Tout est-il fin prêt maintenant pour l’accueil des chefs d’Etat et des invités de marque ?
Professeur Robert Dussey : Permettez-moi de remercier le chef de l’Etat qui a décidé de la réhabilitation de ce joyau légendaire de notre pays, de même que les différents partenaires qui ont contribué à rendre possible cette réouverture.
Avec ses 320 chambres dont 64 suites, des restaurants, des bars, plusieurs salles de conférences et des amphithéâtres, l’Hôtel Radisson Blu 2 Février remplit, à nouveau, les conditions pour jouer son rôle d’hôtel de référence dans la sous-région. Il pourra accueillir, comme par le passé, des Chefs d’Etat, des émirs, de hautes personnalités de tout bord et des hommes d’affaires dans un cadre, confortablement, luxueux.
Je voudrais vous rassurer que tout est mis en œuvre pour que cet hôtel réponde aux normes et exigences internationales, actuellement, reconnues aux hôtels de luxe dans le monde et c’est un vrai motif de fierté pour nous.
Afrique Education : En ayant maintenant ce qui lui manquait, à savoir, un hôtel de classe internationale, le Togo ne va-t-il pas (re) devenir ce lieu central de la diplomatie ouest-africaine et africaine qu’il était pendant les années du Sage ?
Professeur Robert Dussey : Absolument. Souvenez-vous que notre pays fut une référence dans la sous-région, et même, sur tout le continent, en ce qui concerne sa renommée de carrefour de grandes rencontres internationales.
D’ailleurs, notre capitale, Lomé, n’a-t-elle pas donné son nom à plusieurs accords internationaux, notamment, les 4 Conventions entre les pays ACP et l’Union Européenne ? Je rappelle, aussi, que c’est, également, ici, à Lomé, que fut adopté l’Acte constitutif de l’Union africaine, en juillet 2000.
C’est, donc, une très grande fierté pour tous les Togolais, si notre pays retrouve ce privilège d’antan en abritant, à nouveau, des rencontres de très haut niveau. Le prochain Sommet de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique va consacrer cette reconnaissance retrouvée de grand carrefour de rencontres prestigieuses et renforcer le décollage économique de notre pays que nous appelons de tous nos vœux.
Afrique Education : Votre dernier mot ?
Professeur Robert Dussey : Je souhaiterais que toutes les Togolaises et tous les Togolais, ici ou ailleurs, restent mobilisés pour le succès de cette conférence pour l’honneur de notre pays qui retrouvera sa place de jadis dans le concert des nations. Cette rencontre va, indéniablement, propulser notre économie en ce sens que la plupart des secteurs d’activités seront impactés par les retombées de la présence de nos illustres hôtes et, l’hospitalité légendaire du Togo sera, à nouveau, confirmée.
C’est moi qui vous remercie
Source : Afrique Education