Le Togo a entrepris une mission des plus prometteuses: récupérer ses compétences établies à l’étranger parmi les deux millions de ressortissants togolais (sur un total de 7,5 millions d’habitants), en vue de servir le développement et le bond qualitatif auquel aspire le pays, selon le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine, Robert Dussey, rencontré par Anadolu.
« Réussite Diaspora, manifestation d’une semaine qui sera dédiée à la diaspora togolaise en janvier 2016, succède à l’initiative lancée en 2010 par le gouvernement pour encourager les hautes compétences du pays à rentrer au bercail et à participer au développement de notre pays. Nous savons que nous avons des compétences partout dans le monde. Il est donc temps de leur exprimer notre reconnaissance pour leur brio, mais il est aussi temps de servir le berceau de la naissance», lance le ministre.
Parmi les enfants prodiges du Togo ayant réussi à voler de leurs propres ailes, Pascal Agboyibor, un avocat brillant évoluant entre les USA et la France, Christian Agbobli universitaire exerçant au Canada, Jean Marc Savi de Tové, spécialistes en finances en Angleterre et Florent Tiassou journaliste brillant en Allemagne.
Les Togolais qui ont fait leurs preuves à l’étranger sont nombreux. Reste que la majorité d’entre eux évoluent en Europe et aux Etats-Unis, rappelle Dussey.
Louant les sacrifices et les efforts consentis par ces Togolais d’exception, le ministre affirme qu’ils seront honorés à l’occasion de la grande semaine de la diaspora qui aura lieu l’année prochaine.
« Il y aura une distinction qui leur sera décernée par le gouvernement togolais. Si vous êtes togolais de la diaspora, vous avez travaillé, vous êtes compétent et vous œuvrez dans les domaines de la santé, de l’agriculture, des arts, des sciences, de l’éducation, le gouvernement togolais vous honorera par une distinction en reconnaissance de ce que vous avez fait et faites », renchérit-il.
Le Togo compte énormément sur l’élite de sa diaspora pour booster la roue du développement. C’est pourquoi une campagne de recrutement des Togolais à l’étranger, fait savoir le ministre, a été récemment lancée dans les différents ambassades et consulats. Selon lui, le Togo en a vécu la bonne expérience avec les ressortissants qui sont déjà rentrés et fait leur preuves, en apportant la plus-value souhaitée.
D’ailleurs, la diaspora togolaise est estimée à 2 millions de personnes diversement talentueuses contre 7 millions au plan national, selon la Banque africaine de développement «BAD». Ces dernières années, sa contribution en termes de participation à l’économie nationale par des transferts monétaires dépassent la moyenne de 150 milliards de Cfa (260 millions USD, ndlr) par an, alors que le budget annuel est de moins de 900 milliards de Fcfa par an (1.5 milliard USD, soit environ 17% du budget, ndlr), d’après l’Instance financière panafricaine.
Se félicitant, par ailleurs, de l’accompagnement de la Banque africaine de développement « BAD », de l’Union européenne «UE» et du Programme des Nations unies pour le développement « Pnud », le ministre note que la récupération des hautes compétences peut servir non seulement le Togo mais aussi toute la région ouest-africaine, pour une meilleure intégration régionale, au moment où l’Afrique ne cesse de se frayer un bon chemin sur la voie du progrès économique. Lequel progrès économique sera plus soutenu, dit-il, en assurant la libre circulation des biens et des personnes sur le continent.
«Au moment où les Européens construisent l’Europe, tout autant qu’au moment où les habitants des 27 ou 28 nations de ce continent peuvent se déplacer librement et sans visas, ici en Afrique, hormis les pays d’Afrique de l’Ouest, il faut un visa pour aller en Afrique centrale, de l’Est ou encore du Nord. C’est un frein de taille à l’intégration africaine», se désole Dussey.
Une lueur d’espoir est, du reste, à rattacher, selon lui, aux têtes bien faites de l’Afrique et aux grands projets en cours, dont la boucle ferroviaire africaine qui desservira Cotonou et Niamey en passant par le Burkina Faso, le Togo et la Côte d’Ivoire et l’autoroute Abidjan– Lagos.
«Ça va faciliter le déplacement des personnes et des produits entre nos pays. C’est dire que tous ces projets sont importants y compris le projet d’un espace aérien ouvert à tout le monde. Nous avons aujourd’hui des compagnies aériennes au Togo comme ASKY, qui travaille pour l’Afrique et la sous-région et nous nous en réjouissons. Donc que ce soit par la voie terrestre, la voie ferroviaire ou la voie aérienne, tous projets qui contribuent à faciliter le déplacement entre nos pays et à faciliter l’intégration de nos populations sont des projets que nous devons soutenir et le gouvernement togolais les soutient », conclut Dussey.
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