Allocution du Prof. Robert Dussey
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et de la coopération de la République du Bénin cher Aurélien AGBÉNONCI,
Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique de la République du Bénin,
Chers collègues Ministres de la délégation togolaise,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
La proximité entre nos deux pays, le Togo et le Bénin, n’est pas que spatiale. Outre le choix de la nature de faire de nos deux pays des voisins immédiats – la nature ne faisant rien sans raison nous dit KANT -, de liens historiques profonds lient nos deux nations, mais aussi des liens fraternels qui constituent l’arrière-plan et le socle motivationnel de nos relations de coopération.
Les facilités mises à la disposition de la délégation togolaise depuis notre arrivée et le régime d’hospitalité qui nous est réservé nous convainquent de l’excellence des rapports d’amitié et de proximité fraternelle entre le Togo et le Bénin. Je voudrais saisir cette occasion pour transmettre à Son Excellence Monsieur Patrice TALON, Président de la République du Bénin, les fraternelles et amicales salutations de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République du Togo.
Mesdames et Messieurs,
Les relations de coopération de nos deux pays sont au cœur des présentes rencontres et nos gouvernements ont fait le meilleur choix de travailler à leur densification. Notre co-appartenance à un même espace sous-régional et notre commune dépendance, parfois communes vulnérabilités et défis communs, nous imposent l’action dans la relation. Paul VALERY a bien fait de qualifier notre époque d’époque des rencontres et de la relation.
L’époque qui est la nôtre contraint les hommes et les Etats à la rencontre et nous n’avons le choix que de coopérer et d’agir ensemble. L’agir-ensemble, dit la philosophe Hannah ARENDT, est « indissociable de l’apparaître-commun-des êtres », du fait que nous soyons ensemble avec les autres, du fait que l’existence soit co-présence et appartenance au monde. Être ensemble donne des occasions d’agir ensemble et c’est bien ce que nous faisons en ce moment même. Nous avons la faculté d’agir ensemble et nous agissons.
L’accord-cadre de coopération transfrontalière et le mémorandum d’entente que nous avons signés aujourd’hui viennent doter les relations entre nos deux Etats de nouveaux cadres normatifs dans un temps historique où il nous faut coopérer plus pour le développement, coopérer plus pour l’intégration régionale et africaine, coopérer plus pour la sécurité et la stabilité de chacun de nos pays et de la sous-région.
Plus de coopération pour le développement puisque nos deux pays ont des défis communs liés à l’émergence, plus de coopération pour l’intégration régionale et africaine puisqu’une Afrique mieux intégrée ne peut qu’être crédible et audible sur la scène du monde, plus de coopération pour la sécurité, un bien public premier, dont la jouissance conditionne et favorise la réalisation du droit humain fondamental de nos populations et de nos Etats au développement.
Mesdames et Messieurs,
La sous-région ouest-africaine est le cadre de présence au monde de nos Etats – et si ARISTOTE a raison lorsqu’il pose la primauté du Tout sur la Partie-, nous ne pouvons pas traiter la problématique de la sécurité intérieure de nos pays sans tenir compte de la situation sécuritaire de la sous-région. La sécurité nationale requiert des efforts endogènes, mais elle exige aussi des gouvernements de la sous-région la coopération et la coalition des moyens. La mise en réseau des stratégies nationales de sécurité est aujourd’hui la solution.
La lutte contre la criminalité, la piraterie maritime, la cyber-insécurité et le terrorisme et l’action qu’elles impliquent, de part et d’autre de nos frontières, doivent se déployer dans le cadre d’une vision partagée des responsabilités qui engage chaque partie à travailler dans un esprit de co-dépendance et de co-responsabilité.
Nos Etats déploient dans cette vision des efforts en faisant évoluer leurs paradigmes et conceptions du renseignement avec l’exercice en partage de certains de leurs attributs régaliens traditionnels et nous avons la conviction que l’option pour le renforcement et l’accélération des élans de coopération transfrontalière est la bonne parce que lucide et en phase avec l’esprit du temps.
Au demeurant, les défis sont grands et nous imposent la nécessité d’intensifier la coopération entre nos deux pays. Le gouvernement togolais reste convaincu qu’une coopération efficace des services de sécurité, de renseignement et de protection civile togolais et béninois permettra à nos deux Etats de consolider leurs capacités respectives de riposte face défis sécuritaires actuels. Face aux défis transfrontaliers, il nous faut un agir transfrontalier coordonné et efficace.
Merci pour votre attention.