Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
NĂ©gociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique

Prof. Robert Dussey

Ministre des Affaires Etrangères, de l'intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur - Togo
Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020 - Professeur de philosophie politique​

TOGO : Piraterie, migrants… au Sommet de LomĂ© [Interview]

Le ministre togolais des Affaires étrangères, le professeur, Robert Dussey, fait le point des préparatifs de la dite conférence, en marge de la 70e Assemblée Générale des Nations-Unies, à New York.

Monsieur le Ministre, Cher Professeur, Afrique Education voudrait faire le point avec vous sur les diffĂ©rents contacts que vous avez nouĂ©s avec des partenaires en vue de l’organisation de la grande confĂ©rence africaine sur la sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement en Afrique. Au lendemain de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations-Unies, que pouvez-vous en dire ?

Professeur Robert Dussey :

L’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations-Unies est la plus importante des organes de l’ONU, et la session annuelle est une messe qui rassemble tous les Etats du monde et bien d’Institutions et Organismes internationaux affiliĂ©s, publics ou privĂ©s. A cet effet, nous avons profitĂ© de cette 70e session ordinaire de l’AG des Nations-Unies pour rĂ©activer ou redynamiser les accords, dĂ©jĂ , Ă©tablis et rassurer toutes les parties prenantes. Elle nous a, Ă©galement, permis de mesurer le niveau d’enthousiasme des partenaires impliquĂ©s ou sollicitĂ©s pour le succès de la ConfĂ©rence extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine sur la sĂ©curitĂ© et la sĂ»rete maritimes et le dĂ©veloppement en Afrique. Plusieurs contacts ont Ă©tĂ©, effectivement, nouĂ©s avec tous les partenaires et nous nous rĂ©jouissons des retours positifs et confirmations, qui en ont dĂ©coulĂ©. Je nous fĂ©licite, par ailleurs, de la rĂ©ussite du « side event » co-animĂ© avec mon collègue, Bert Koenders, ministre des Affaires Ă©trangères des Pays-Bas, sur le thème : “Securite et sĂ»retĂ© maritimes dans la mise en oeuvre du programme de dĂ©veloppement 2015”.

Vous avez beaucoup voyagĂ© pour la rĂ©ussite de cette ConfĂ©rence. Qu’est-ce qui motivait vos voyages ? Etaient-ce des voyages par thèmes ou par centres d’intĂ©rĂŞt ? Pouvez-vous nous faire part de votre mĂ©thodologie de travail ?

Vous exagerez (rires). Je n’ai pas trop voyagĂ©. En rĂ©alitĂ©, j ai fait, exactement, comme le font tous les responsables, quand il faut mobiliser pour le succès d’une ConfĂ©rence d’une telle envergure. Pour montrer l’intĂ©rĂŞt et convaincre, je dois effectuer des dĂ©placements Ă  l interieur du continent. Il ne faut pas oubier que nous n’organisons pas une confĂ©rence, et puis, plus rien. Le chef d’Etat, Faure GnassingbĂ©, ambitionne de mobiliser les Etats membres autour d’un projet de Charte devant rĂ©gir la sĂ©curite et la sĂ»retĂ© maritimes. Il s’agit d’une innovation de taille dont nous ne mesurons pas la portĂ©e, mais, il est importantissime que nous y parvenions. Le dĂ©veloppement de nos pays (pas seulement) ceux qui ont un versant maritime, en dĂ©pend. Je dois ajouter que certains de mes dĂ©placements sont assurĂ©s par centre d’intĂ©rĂŞts tandis que d’autres le sont par thèmes. Vous faites bien de me poser la question. En fait, les deux combines ont mobilisĂ© toute l’Ă©quipe de la Commission prĂ©paratoire du Sommet Ă  ĂŞtre presente dans plusieurs rencontres internationales. Il faut souligner que la sĂ©curitĂ© maritime et le dĂ©veloppement sont au cĹ“ur des gouvernements prĂ©occupĂ©s par les flĂ©aux de l’insĂ©curitĂ© maritime, notamment, la piraterie, le trafic de stupĂ©fiants, le trafic des migrants, la pĂŞche illicite, la pollution marine, ainsi que, tous les autres actes criminels commis en mer qui constituent de graves entraves au dĂ©veloppement des Etats riverains ainsi que ceux du littoral. Aussi, voudrais-je insister sur le fait que le thème de cette confĂ©rence englobe des thĂ©matiques pluridisciplinaires et multidimensionnelles que sont la sĂ©curitĂ©, la sĂ»retĂ© et le dĂ©veloppement Ă©conomique. Ce qui nous conduit d’emblĂ©e Ă  une confrontation des thĂ©ories et des mĂ©thodologies contradictoires, dĂ©jĂ , internes Ă  chaque champ d’analyse, puis, d’un champ Ă  un autre. L’obligation est ainsi faite pour nous, de mener cette investigation dans les règles de l’art aussi bien diplomatiques qu’intellectuelles sinon universitaires ou scientifiques, d’oĂą l’usage de la mĂ©thodologie ou de la dĂ©marche consensuelle.

Vous avez beaucoup travaillĂ© avec le ministre des Affaires Ă©trangères, Bert Koenders, dont le pays est un gĂ©ant sur les questions touchant Ă  la mer et aux ocĂ©ans. Quel a Ă©tĂ© son apport pour ne parler que des Pays-Bas ? Pouvez-vous parler d’autres expĂ©riences marquantes ?

Des expĂ©riences marquantes ! Je ne saurais les citer toutes, mais, je puis vous confirmer que tous les apports ont Ă©tĂ© très enrichissants. Qu’il s’agisse des apports des pays ou des personnalitĂ©s dans le cadre de la coopĂ©ration bilatĂ©rale ou multilatĂ©rale, ou encore, avec les Organismes internationaux ou Institutions internationales, le constat est le mĂŞme : une note de satisfaction, dĂ©jĂ , pour les prĂ©liminaires de cette confĂ©rence si vous voulez bien. A propos de mon collègue, Bert Koenders, Je le disais plus haut, ensemble, nous avons animĂ© sous le patronage et la prĂ©sence effective du prĂ©sident de la RĂ©publique, Faure GnassingbĂ©, le « side event » sur le thème de « La sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© maritimes dans la mise en Ĺ“uvre du programme de dĂ©veloppement post-2015 », en marge de l’AG de l’ONU, Ă  New York, le 26 septembre 2015. Ceci vient confirmer le degrĂ© d’importance et d’implication des Pays-Bas parmi les partenaires du Togo. Je profite de votre tribune pour lui renouveler ma sincère gratitude et, par la mĂŞme occasion, Ă  toutes les bonnes volontĂ©s qui ont bien voulu accompagner, Ă  des degrĂ©s divers, cette confĂ©rence.

L’Afrique est très culturellement diverse. Elle compte des anglophones, des francophones, des lusophones, des arabophones et un hispanique. Harmoniser les positions devient Ĺ“uvre de titan quand le sujet comme le vĂ´tre est sensible. Comment y ĂŞtes-vous parvenu ?

Cette diversité linguistique et culturelle de l’Afrique est une richesse, il n’y a pas lieu de s’alarmer. L’Union Africaine n’est pas à sa première conférence sur des questions aussi sensibles. Les acteurs sont conscients des défis de cette rencontre dont le thème est au centre des préoccupations de tous les gouvernants. Il faut souligner notre satisfaction de la mobilisation et de l’implication de la société civile et du secteur privé de nos Etats dans l’organisation de cette conférence. Des contributions et des propositions fusent de tous les Etats sans justement tenir compte des barrières linguistiques. Il y a lieu de saluer, ici, la prise de conscience des acteurs de l’intérêt général de l’Afrique. Toutefois, des dispositions sont prises par les organisateurs en termes de traduction pour qu’aucun pays ne soit lésé, avant, pendant et après la conférence. Le site du Sommet (www.african-togo2015.com) est, justement, conçu en tenant compte de toutes les diversités linguistiques et traduit en anglais et en français.

Quelles vont être les grandes lignes de cette conférence et quels en seront les grands animateurs (conférenciers) ?

Cette conférence se penchera comme son nom l’indique sur deux grandes thématiques à savoir : La coopération régionale et internationale pour la sécurité maritime dont les sous-thèmes sont la piraterie maritime ; la pêche illicite ; les trafics illicites de tout genre transitant par la mer ; la migration. La sécurité maritime et le développement dont les sous-thèmes sont la préservation de l’environnement marin et la mer comme facteur de développement. Les conférenciers ne sont autres que des experts avérés dans les différentes thématiques et d’envergure internationale telle que se veut la conférence en elle-même.

Comment les travaux seront-ils organisés ?

En plénière pour les experts représentants permanents des Etats auprès de l’UA dont les conclusions seront entérinées par le Conseil exécutif des ministres suivi du Sommet des chefs d’Etat.

Vous ambitionnez de faire adopter une « Charte sur la sĂ©curitĂ© maritime » Ă  l’instar des Accords de LomĂ© 1 et 2 qui rĂ©girent, dans le passĂ©, les relations entre les pays ACP et l’Union europĂ©enne. Avez-vous des raisons d’ĂŞtre optimiste ? Si oui, pourquoi ?

Le projet de “Charte sur la sécurité et la sûreté maritimes” constitue le fondement de cette Conférence de l’Union Africaine qui se tient à Lomé. Il y a eu des rencontres précurseurs sur le même thème et nous estimons qu’il faudrait passer au concret, en adoptant une Charte à Lomé. Si vous voulez, j’estime que mettre notre capitale à l’actif de cette Charte relève de la normalité des choses eu égard à la nouvelle donne de notre diplomatie. Après plus d’une décennie d’hibernation, il faut que Lomé retrouve son titre de ville d’accueil des grandes rencontres internationales. Pour le cas précis de cette conférence sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique en Afrique, le choix de Lomé n’est que logique.

C’est la première grande confĂ©rence internationale qui sera organisĂ©e Ă  LomĂ©, depuis l’arrivĂ©e du prĂ©sident, Faure GnassingbĂ©, au pouvoir. Au niveau de l’accueil et de l’organisation, tout sera-t-il fin prĂŞt ?

Tout sera prêt pour la tenue et la réussite de cette grande Conférence.

La ConfĂ©rence se tient en partenariat avec l’Union Africaine. Sur quel plan vous vient-elle en soutien ?

La conférence sur la sécurité maritime et le développement en Afrique est organisée par l’Union Africaine et Lomé est choisie pour l’abriter.

Il y a l’avant-confĂ©rence. Il y aura la tenue de la confĂ©rence et l’après-confĂ©rence. Qu’est-ce qui va se passer après la tenue de cette confĂ©rence ? Que ferez-vous ?

Que les idées ne restent pas idées et que la Charte ne dorme pas dans les tiroirs. Pour cela, il faudrait veiller à la ratification et à la mise en application effective de la Charte sur la sécurité et la sûreté maritimes. Du moins, faire le suivi des recommandations de la Conférence.

Votre dernier mot ?

Confiance et sérénité. Le report n’est pas l’annulation. C’est juste une question de timing. Ce petit décalage nous permet, d’ailleurs, de peaufiner les choses. Merci et si vous n’avez pas, encore, votre invitation, vous êtes, déjà, les bienvenus pour relayer les grandes décisions, qui seront issues de cette Conférence.

Propos recueillis par Aristide Koné, Max Bekombo et Jean Paul Tédga


Source : Afrique Education

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